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Le prince amoureux

Textes > Contes cruels et immoraux

Voici mon troisième conte de fées cruel et immoral.
Une fois de plus, ne vous laissé pas avoir par les apparences, vous pourriez être surpris par le dénouement de cette histoire.


Dans un royaume prospère vivait un jeune et beau prince en quête d’une épouse. Comme le royaume était en paix avec ses voisins, et qu’il avait deux frères aînés, il n’avait pas l’obligation de faire un mariage politique. Ainsi, ses parents auraient été très heureux de le voir épouser une bergère ou une servante, si cela avait été son désir. Car ils désespéraient de le voir un jour choisir une fiancée. Ce n’est pas que celui-ci ne désirait pas se marier, bien au contraire. Seulement, jusqu’à présent, aucune jeune fille ou femme mûre n’avait trouvé grâce à ses yeux. Pourtant, lui-même ravissait sans problème les cœurs de toutes les femmes du royaume. Il était d’une grande beauté, avec de longs cheveux blonds soyeux. Il était svelte, et sans être très fort, il était bon combattant. À cela s’ajoutait une vive intelligence. Mais notre jeune prince était très idéaliste et romantique. Aussi, ne pas réussir à trouver son âme sœur le remplissait-il de mélancolie.

Ses parents ne savaient plus quoi faire, quand un jour, une occasion idéale se présenta à eux. Le royaume voisin, pour fêter les 100 ans de concorde qui unissait leurs deux pays ainsi que trois autres, organisait un grand bal, où serait réunie la fine fleur de la noblesse, des artistes, et de l’élite du continent. C’était l’occasion rêvée de lui présenter des visages nouveaux. Et y avait-il un cadre plus propice à la romance ? Sans compter que cela aurait au moins la vertu de lui changer les idées.

Le grand jour arriva. La famille royale au grand complet se rendit à cette fête, parés de leurs plus beaux atours, accompagnés de leur suite, et chargés de nombreux et somptueux cadeaux. Notre prince mélancolique ne fit pas exception. En ce jour, il était plus beau que jamais, et son cœur était empli d’espoir.

Lorsqu’ils arrivèrent, nombre d’invités étaient déjà présents, et le bal venait de commencer. Ils furent annoncés en grande pompe et accueillis comme il se doit. Mais cette fête ayant lieu entre vieux amis, personne n’était trop à cheval sur l’étiquette.

Ils se séparèrent et se mêlèrent à la foule qui grossissait encore. Notre jeune prince était quelque peu perdu, émerveillé par toutes les splendeurs qui avaient été spécialement commandées pour cette fête. Il dansa, croisa des visages inconnus, parfois masqués, festoya, dansa encore, vit plus d’une femme qui tenta d’attirer son attention, mais bien que toutes fussent d’une beauté à couper le souffle, aucune ne fit chavirer son cœur.

La soirée était déjà bien avancée, et lassé de toute cette foule, il s’était réfugié dans un coin, un peu à l’écart de la salle de bal. Il n’osait pas s’éloigner trop, car il était loin d’avoir vu tout le monde. Malgré tout, il était quelque peu désespéré, et commençait à se dire qu’il avait été bien vain d’espérer rencontrer l’amour ici-même.

Il en était là de ses réflexions, lorsqu’il la vit : la plus incroyable beauté qu’il lui ait été donné de voir, une grâce inégalée dans un corps fait pour la danse. Un port de tête fier, mais pas hautain. Bref, la personne la plus remarquable qu’il ait vu de sa vie. Sa présence éclipsait celle de toutes les autres personnes présentes. Enfin ! Il l’avait enfin rencontré, l’être capable de lui ravir son cœur en un souffle. Cela aurait dû le remplir de la plus indicible des joies. Et l’espace d’un instant, ce fut effectivement le cas. Seulement voilà, il y avait un problème, et de taille : l’être aimé était un homme. Pas de doute possible à ce sujet. Comment cela était-il possible ? Il n’avait pourtant jamais montré un tel penchant. Et pourtant, à partir de cet instant, il n’avait plus que cet homme à l’esprit.

Il n’osa ni lui parler, ni même l’approcher de la soirée. Pour lui dire quoi ? Et pour quoi faire ? Mais il avait appris qu’il s’agissait du deuxième héritier du roi qui organisait cette fête. Riche de cette information, une fois rentré en ses terres, il chercha jusqu’à la plus petite information qu’il put trouver à propos de la personne qui occupait toutes ses pensées. Il apprit ainsi, entre autre chose, qu’il n’était pas marié, et qu’il cherchait également une fiancée. Mais ce qui avait empêché un quelconque mariage jusqu’à présent, c’était son caractère volage. Il aimait les femmes, et était aimé d’elles.

Ha ! Si seulement j’en étais une, rien ne m’empêcherait de rêver un jour l’épouser ! Il n’est pas comme moi, il n’aime que les femmes. Je ne puis le blâmer. Pourquoi voudrait-il de moi ? Ha ! Hélas, que faire ? Après la rêverie amoureuse des premiers jours, il céda à une nouvelle forme de mélancolie, bien plus profonde cette fois que celle à laquelle il était coutumier. Son entourage avait bien remarqué ce changement de comportement, et se doutait bien que cela cachait quelque chose. Mais ne se doutant pas de la gravité de l’affaire, ils attribuaient son état à un malaise d’amour des plus classiques, et ne s’inquiétaient pas outre mesure.

Un jour, il commanda secrètement le portrait de son prince, afin de pouvoir le contempler nuit et jour. Ainsi pensait-il pouvoir se consoler de l’absence de l’être aimé, et de l’impossibilité d’être à ses côtés. Mais bien loin de soulager sa peine, cela ne fit que l’aggraver, et d’affirmer son amour.

Chaque jour, il soupirait d’avantage, et se répétait sans cesse : Pourquoi ne suis-je pas né femme ? Si cela avait été le cas, je pourrais être à ses côtés en cet instant, dussé-je n’être que l’une de ses innombrables maîtresses ! C’est alors qu’il eut cette folle idée : Mais oui ! Devenir une femme, voilà ce qu’il me faut faire ! Bien sûr, il lui était impossible de changer de sexe, il en était conscient. Mais il pouvait au moins faire illusion, en se travestissant. Ainsi, se disait-il, il pourrait au moins l’approcher, et peut-être danser dans ses bras. Oh ! Comme j’aimerais cela, rien qu’une fois ! se répétait-il.

Il prit donc la résolution d’aller voir sa sœur, et de lui demander des conseils sur les toilettes à mettre, selon quelles circonstances, quel parfum choisir, comment coiffer sa longue chevelure, bref, toutes les petites choses qui faisait d’une femme une vraie dame. Au début, sa sœur fut plus qu’intriguée par cet intérêt nouveau et soudain. Puis, elle se dit que finalement, leurs parents devaient avoir raison, il devait y avoir une femme là-dessous. Sans doute désirait-il mieux comprendre les femmes et leur univers afin de plaire à la dame de son cœur. Et puis elle se réjouissait de ces moments passés avec son frère, qui s’étaient faits jusqu’à présent trop rares. C’est ainsi qu’elle lui apprit tout ce qu’elle jugeait indispensable de savoir.

Le soir, de retour dans sa chambre, et à l’abri des regards indiscrets, il se remémorait ce qu’il venait d’apprendre, et s'exerçait. Il avait réussi entre autres à se procurer une robe. Un jour, il se lança. Il la revêtit, se coiffa, se maquilla légèrement, et après avoir pris une grande inspiration, se regarda dans le miroir pour voir le résultat. Ce qu’il vit le choqua terriblement.

Quel horreur ! Il ne ressemblait à rien ! Il se détourna vivement du miroir, et retira tout ces atours précipitamment, dans un mélange de rage et de désespoir. Une fois fait, il se laissa tomber au sol, vidé. Finalement, quels que soient les efforts fournis, un homme restait un homme. Quelle folie l’avait pris de croire qu’il pourrait changer cela ? Pas même les plus grands sortilèges du monde ne pouvaient défaire ce que la nature avait fait.

Il se redressa sur ses pieds. Voilà ! C’était cela l’idée ! La magie ! Elle ne pourrait sans doute pas le transformer, mais elle pourrait au moins l’aider à passer pour ce qu’il n’était pas. Et si même la magie ne pouvait rien pour lui, il était prêt à renoncer à son dessein. Tout à l’excitation de cette trouvaille, il ne pouvait se résoudre à aller se coucher. Et puis, n’est-ce pas sous le couvert de la nuit que se tramaient les intrigues ? Il prit cependant le temps de la réflexion. Il ne pouvait en aucun cas aller voir l’alchimiste du palais. Son secret serait bien vite éventé. Il devait donc trouver quelqu’un à l’extérieur. Il se souvint d’une sorcière dont on lui avait parlé, qui se trouvait à l’extérieur de la ville. Elle était, disait-on, très experte dans son art. De plus, une bourse bien garnie suffirait à garantir son silence jusqu’à la tombe. Il se décida donc à aller lui rendre visite. Il prit tout juste le temps de jeter une cape à capuchon sur ses épaules, afin de cacher un minimum son identité. Du moins, autant que l’on puisse cacher quelque chose à ces gens-là.

Il trouva sa demeure sans grande difficulté. Elle était lugubre à souhait, tout à fait l’image que l’on se faisait de la maison d’une sorcière. Sans doute avait-elle une réputation à tenir, se dit-il. Qui viendrait voir une sorcière habitant dans une jolie maisonnette ? À peine eut-il frappé à la porte que l’on vint lui ouvrir.

N’ayez pas cet air surpris, jeune homme. La plupart de mes clients viennent à cette heure avancée de la nuit. Je ne dormais donc pas. Elle le fit entrer avant de lui demander ce qui l’amenait ici. C’est que je suis sorcière, voyez-vous, pas devin !

Il lui expliqua, le plus précisément et le plus concisement possible. Ce faisant, il avait l’impression que le regard perçant de la vieille femme le transperçait pour voir au plus profond de son âme. Elle avait cet air inquiétant qu’ont certaines personnes âgées. Mais, tentait-il de se rassurer, son âge était un gage de sagesse dans sa profession !

Lorsqu’il se tût, un silence inconfortable s’installa quelques secondes qui lui parurent interminables. La sorcière finit par le lâcher du regard pour se retourner et attraper une fiole parmi des centaines d’autres, sur une étagère surchargée. Elle la lui tendit, mais ne la lâcha pas tout de suite.

Ça ne me regarde pas ce que tu veux en faire, jeune homme, mais c’est mon devoir de te tenir informé des effets de mon élixir. Tu n’es pas bête, et cela va me faciliter la tâche, tu comprendras vite. Comme tu l’as deviné, il ne te changera pas en femme. Mais il adoucira ta voix, et empêchera ta barbe de pousser. Vu ta silhouette, cela devrait te suffire pour passer pour une femme. Mais attention, tu devras prendre de cette potion régulièrement. Dès que tu cesseras le traitement, ses effets disparaîtront. Tu peux donc faire marche arrière à tout moment.

Il se saisit de la fiole, tout en déposant une belle somme d’argent à la place, dans la main de la vieille. Il partit alors sans se retourner, après avoir murmuré des paroles de remerciement. Quelle femme effrayante ! Elle l’avait mis mal à l’aise comme personne auparavant, et quelque chose dans la façon dont elle l’avait regardé lui faisait se demander si en fin de compte, elle ne lui avait pas menti, en affirmant ne pas être devin. Il chassa bien vite cette pensée de son esprit, et prit quelques gouttes de cette drogue à peine revenu dans sa chambre. Ce n’est qu’une fois cela fait qu’il put se coucher et trouver le sommeil.

Ce n’est pas dès le lendemain qu’il put constater un quelconque changement en lui. Mais au fil des jours, il eu la preuve que la sorcière ne lui avait pas menti. Et lorsqu’il fit un nouvel essai devant la glace, paré comme une femme, il en eu le souffle coupé. Pas d’horreur cette fois-ci, mais parce qu’il ne reconnaissait pas la jeune femme qui se tenait devant lui, à la place où il aurait dû voir un jeune prince. Cela avait marché ! Il pouvait enfin mettre son plan à exécution. Il avait attendu cet instant si longtemps, qu’il avait du mal à y croire, et que l’angoisse le prit au dépourvu. Mais il était désormais trop tard pour reculer. Et s’il ne voulait pas que sa famille se rende compte des changements opérés en lui, il devait s’enfuir avant que ceux-ci ne soient trop visibles.

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Il prépara alors ses bagages sans attendre, réunissant les effets qu’il avait achetés secrètement en prévision de ce jour. Il fit appeler des serviteurs de confiance, à qui il avait raconté un boniment, au sujet d’une jeune femme qu’il devait aider à partir discrètement. Il s’enfuit dans le secret de la nuit, après avoir laissé une lettre à sa famille, leur intimant de ne pas s’inquiéter, ni de chercher à la retrouver.

Le royaume de son prince n’était pas très loin, le voyage ne fut donc pas trop long. Grâce à la forte somme d’argent qu’"elle" avait emportée, elle put trouver un très beau logement, pas très loin du palais. Et dès le lendemain, prenant son courage à deux mains, notre prince désormais princesse alla se présenter à la cour. Elle eut un peu de mal à trouver son chemin, et ne savait pas où chercher pour trouver son prince. Mais au bout de quelque temps, à tourner autour du parc, elle finit par l’apercevoir, une femme à chaque bras, et quelques autres gravitant autour de lui. Il lui semblait encore plus beau que dans son souvenir, et semblait vraiment passer un bon moment. Le courage lui manqua. Elle lui fit une révérence tout en murmurant une quelconque formule de politesse, avant de se détourner et de partir par un chemin opposé. Mais le prince, intrigué par cette jeune beauté étrangère à sa connaissance, qui, contrairement aux autres femmes ne le pressait pas de ses assiduités, la rattrapa afin d’engager la conversation. Ses compagnes délaissées, outrées, se détournèrent, scandalisées, pour s’en retourner au palais. Sous l’indifférence totale du prince.

Notre princesse quant à elle, devait faire un effort surhumain pour empêcher son cœur de bondir de sa poitrine. Elle avait tant de fois rêvé de cet instant ! Il était tel qu’elle l’avait imaginé : charmant, spirituel, et semblait responsable malgré son goût pour l’amusement. Elle se sentait attirée de plus en plus par lui. À la fin de leur entretien, qui avait duré bien plus longtemps qu’elle n’aurait pu le croire, il lui fit promettre de revenir le lendemain. Chose qu’elle aurait été bien incapable de refuser.

Leurs rencontres se firent de plus en plus fréquentes. Le prince qui jusqu’ici était si volage, ne voyait plus qu’elle, ne pensait plus qu’à elle. Il n’avait jamais éprouvé cela pour aucune femme. Non seulement elle était belle, mais elle était instruite, et n’avait pas peur de le prouver. Elle savait chevaucher, et s’y connaissait même dans les arts de la guerre. Mais cela ne l’empêchait pas d’être très féminine. Et chose encore plus incroyable, il lui était plaisant de passer du temps avec elle, alors qu’ils ne couchaient pas ensemble ! Bref, il la considérait comme son égale. Le fait qu’elle n’ait pas voulu ou su lui dire exactement d’où elle venait lui importait peu. Une seule chose chez lui était devenue certaine : c’est elle qu’il désirait épouser. Il en fit part à ses parents, qui lui donnèrent son accord, étant eux aussi sous le charme de cette mystérieuse jeune femme.

C’est donc sans attendre plus longtemps, et sans y réfléchir à deux fois qu’il fit sa déclaration, suivie immédiatement de sa demande en mariage à l’élue de son cœur. Sous l’effet de l’émotion, et toute à son rôle, notre princesse répondit oui, sans hésiter, avant de se jeter dans les bras de son aimé.

Mais le soir, revenue chez elle, une fois dépouillée de ses atours, il fallait bien faire face à la réalité. Comment pourrait-il épouser son prince ? Il l’avait oublié un instant, mais il n’était pas une femme. Il ne pourrait pas continuer à lui cacher la vérité éternellement. Mais comment aurait-il pu imaginer que les choses prendraient cette tournure ? Comment le prendra t-il quand il apprendra la vérité ? Inutile de s'illusionner, il serait fou de rage, et se sentirait trahi. Et à juste titre ! Mais malgré cela, il ne pouvait se résoudre à mettre un terme à cette mascarade. Après tout, c’était ses derniers moments de bonheur. Il serait prêt par la suite à prendre la responsabilité de ses actes égoïstes. Il prit donc la résolution d’aller jusqu’au mariage, pour pouvoir au moins vivre cet instant unique, même s’il lui fallait par la suite dire adieu à son amour. Et puis, un fol espoir l’habitait. Qui sait ? Peut-être que, le jour de la noce, se passerait-il un miracle comme dans bien des légendes. Peut-être qu’au moment du baiser scellant leur union, une transformation s’opérerait en lui, faisant de lui une véritable femme. Oui, c’était un espoir bien vain, mais un espoir tout de même.

Les préparatifs du mariage furent vite sur pied. Le promis était si impatient d’être uni à sa promise ! Il avait bien remarqué une sorte de tension chez elle, mais il l’attribuait au mariage qui approchait.

Les séances d’essayage de la robe furent assez éprouvantes. À chaque instant, elle avait peur que l’une des servantes, ou bien la couturière découvre la vérité. Mais elle avait réussi à en venir à bout sans se trahir, même si elle passait désormais pour une femme d’une telle pudeur, que certains de demandait comment se passerait la nuit de noce, surtout avec un tel époux ! Ils n’étaient pas les seuls à se poser cette question, mais pas pour les mêmes raisons.

Le jour fatidique finit par arriver. Les familles royales ainsi que toute la noblesse des royaumes alliés étaient conviés à un tel événement, bien qu’il ne s’agisse pas d’un mariage politique. Bien sûr, la famille de notre prince ne fit pas exception. Il était peu probable qu’ils la reconnaissent désormais, malgré cela, elle se cacha derrière son voile, honteuse.

La cérémonie se passa sans anicroche, et quand vint le moment de l’échange des anneaux, et du baiser, elle se dit qu’elle pouvait désormais mourir heureuse. Il n’y eut bien entendu aucun miracle ce jour-là.

La fête qui suivit la cérémonie fut par contre un calvaire pour la jeune épousée. La peur qu’un membre de sa famille la reconnaisse était toujours présente, mais c’était une autre angoisse qui lui vrillait les entrailles. La fin de cette mascarade approchait, et elle allait devoir rendre des comptes. Elle ne pourrait supporter de voir la colère et le dégoût dans les yeux de son prince, qui se faisaient si tendres pour l’heure.

Son époux, remarquant qu’elle ne se sentait pas bien, écourta la soirée. Ils laissèrent leurs invités continuer à festoyer, tandis qu’eux rejoignaient les appartements qu’ils devaient désormais partager.

Une fois à l’intérieur, se tenant derrière elle, il la saisit amoureusement par les épaules. C’est alors qu’il réalisa qu’elle était secouée de sanglots. Il lui fit face pour lui demander ce qui se passait. N’était-elle donc pas heureuse ?

Pardonne-moi, je t’en prie ! Je t’ai menti tout ce temps, et quand tu sauras la vérité, tu me haïras. Peut-être même souhaiteras-tu me voir mort ! Balbutia t-elle.

Qu’est ce que tu racontes ? Tu ne m’aimes pas ? Ou bien appartiens-tu déjà à un autre homme ?

Non, rien de tout cela !

Hé bien qu’importe !

Il l’embrassa alors avec force, et les fit basculer tous les deux sur le lit.

Notre prince éploré essayait faiblement de se débattre et de s’expliquer en même temps, et n’arrivait à rien.

Son époux commençait à le dévêtir, et lorsqu’il rencontra un obstacle qui n’aurait pas dû se trouver là, saisi d’une angoisse, il arracha le reste de la robe, pour rester stupéfait devant le spectacle qui s’offrait à lui.

C’est ce que je tentais de t’expliquer. Pardonne-moi. Je ne suis pas une femme. Mais je t’aime, c’est plus fort que moi. Je ne voulais pas te blesser, mais comment aurais-je pu imaginer que tu voudrais de moi ?

Le prince se ressaisit, et son regard se fit plus dur.

Tu t’es fait passer pour une femme par amour pour moi… Le ton de sa voix ne permettait aucun refus de réponse.

Oui. Répondit-il, la tête baissée.

Alors je pense avoir un remède plus efficace que les élixirs de n’importe quelle sorcière.

Au plus grand étonnement de notre prince, son époux lui donna un baiser. Mais l’instant d’après, il ressentit la douleur la plus vive dans son bas-ventre. Il vit alors que son cher époux avait saisit un poignard et l’avait émasculé. Il étouffa un cri de douleur et d’horreur. Son bourreau saisit alors un linge qu’il appliqua sur la plaie pour stopper l’hémorragie.

Allons, ne pleure pas mon amour, dit-il d’un ton cruel. C’est fait à présent, tu es une femme. Et ce sang servira de preuve à ma famille que tu étais bien vierge, et que le mariage a été consommé.

Disant cela, il berça son épouse, baisant son front.

N’aie crainte, je n’ai pas l’intention de me séparer de toi. Oh, bien sûr, tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je prenne une maîtresse ou deux. Après tout, tu ne pourras pas me donner l’héritier que ma position exige.

Il l'allongea sur le lit avant de se lever.

Je vais chercher de quoi te soigner. Une chance que je m’y connaisse en médecine !

Il allait sortir, mais se ravisa au dernier moment, pour ajouter quelque chose.

Oh, et ne t’inquiète pas, il va de soi que si nous ne consommons pas notre mariage ce soir en raison de ton état, j’ai bien l’intention de le faire dès que tu seras remise.

Et sur ce, il sortit, la laissant seule avec ses pensées.

La douleur et l’effroi commençaient à quitter son corps, qui s’engourdissait, comme son esprit. Un petit sourire étira ses lèvres. Cela aurait pu être pire. Il voulait toujours bien d’elle. Elle restait son épouse. Si elle pouvait rester à ses côtés, elle pouvait tout supporter.

Elle ferma les yeux et soupira. Finalement, ce n’était pas si mal.

Fin

Fiche ajoutée le 27 mai 2008.

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